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"Corsica Cristiana", s’adresse, "à tous ceux au cœur desquels le « Dio Vi Salvi Regina » dit encore quelque chose"


Jacques RENUCCI le Vendredi 4 Mai 2018 à 15:36

Paul-Michel Castellani-Leandri, enseignant, cofondateur de La Corse Debout et président de L'observatoire de la Corse, présente l'association dont il est le porte-parole : Corsica Cristiana, qui défend la spiritualité et les valeurs de l'île



 "Corsica Cristiana", s’adresse, "à tous ceux au cœur desquels le « Dio Vi Salvi Regina » dit encore quelque chose"

- Vous venez de fonder une association appelée  Corsica Cristiana. Qui êtes-vous ?
 -Nous dirons d’abord ce que nous ne sommes pas :
 a) Nous ne sommes pas un parti politique : il y a déjà trop de partis, et qui dit « parti » dit division. Or nous voulons l’union.
 b) nous ne sommes pas un mouvement clérical, comme son nom pourrait le faire penser. Nous sommes des gens libres, nous ne prenons pas nos ordres de l’Evêché, comme d’autres prennent les leurs des états-majors parisiens ou des loges. Nous sommes un cercle de réflexion et d’action qui s’adresse, au-delà de tous les clivages politiques, à tous ceux au cœur desquels le Dio Vi Salvi Regina dit encore quelque chose. Les partis nous divisent, l’amour du pays natal nous unit, et nous cherchons l’union de tous les Corses. Pour éviter toute confusion, nous nous devons d'ajouter que nous n'avons rien à voir avec ceux qui ont utilisé ce sigle précédemment, ni avec eux, ni avec l'idéologie quu'ils soutenaient.
 
 

 - Qu’est-ce qui vous a poussés à créer cette association ?
 - Elle nous a paru s’imposer, en ces temps d’incertitude et d’inquiétude.
 Certes, la Corse n’est pas la seule à redouter l’avenir.
 L’Europe entière se demande de quoi demain sera fait, et cherche des solutions aux problèmes posés par l’évolution du monde et les menaces dont elle est grosse. Mais la Corse est particulièrement touchée : pauvreté, chômage, drogue, suicides, meurtres, avortements, font des ravages. C’est au point que ce que l’on appelait « le peuple corse » va se délitant, et qu’il se réduit de jour en jour comme une peau de chagrin. Nous assistons à une substitution de population qui entraÎnera, si elle n’est pas endiguée, la disparition pure et simple de notre peuple. Etre ou ne pas être, telle est la question. Question de vie ou de mort. On peut même penser que la Corse est déjà morte, et que son sort est désormais scellé. C’est ce que nous dit l’observation objective des phénomènes qui se déroulent sous nos yeux. Mais notre cœur dément notre tête : nous ne nous résignons pas à la disparition de cette terre qui nous a vus naître et où reposent les cendres de nos aïeux. D’où la création de Corsica Cristiana.
 
 

 
 - Par quels moyens comptez-vous lutter pour la survie de la Corse ?
 - Par la recherche des causes de la situation actuelle, qui nous fera découvrir les remèdes. Et le moyen de cette recherche sera la philosophie thomiste, qui guida Pascal Paoli, le Père fondateur de notre Nation. Nous rejetons tous les donneurs de leçons, venus d’ailleurs, qui nous proposent leurs remèdes-poisons. Nous leur rappelons la réponse cinglante de Pascal Paoli au Marquis de Cursay : « les fous font mieux leurs affaires dans leur propre maison que les sages dans la maison d’autrui. » Nous faisons nôtre cette affirmation de Heidegger : pour sauver un peuple, il ne suffit pas de l’arracher au danger qui le menace, il faut le reconduire dans son essence. Et son essence, c’est son passé chrétien. La religion catholique est l’élément constitutif majeur de son identité. Sans doute pourrait-on en dire autant de bien des peuples ; mais la Corse a sa spécificité : elle est à la fois mariale, franciscaine et vaticane. Nous voulons la faire revivre.
 
 

 - Mais comment rendre vie à cette Corse-là, alors que la religion est en voie de disparition ? La jeunesse, en particulier, a déserté les églises...
 - Il faut faire ici une distinction capitale : la foi est en rapport avec la chrétienté, mais elle se distingue d’elle ; la première est affaire personnelle ; la seconde, au contraire, est une réalité objective. La foi de nos ancêtres a sécrété une foule de lois, de coutumes, d’institutions, de façons de vivre et de penser, qui sont encore vivaces. Nombre de ceux qui ont perdu la foi ne voudraient pas cesser de vivre « a cristianinu ». C’est à cette société qui s’affaiblit, mais qui persiste, que nous voulons rendre sa vigueur première. Quant à la foi, c’est un don de Dieu. Nous nous proposons seulement d’en recréer les conditions, nous ressourçant dans la chrétienté vivante d’autrefois. Entreprise modeste, mais nécessaire.
 
 

 
Comment jugez-vous la situation politique de la Corse actuelle ?
 - Elle a été marquée, indiscutablement, par le succès électoral des « nationalistes », qui ont cueilli le fruit de leurs efforts ; ils ont eu l’immense mérite, dont nous leur savons gré, de réveiller un peuple endormi, de le rendre conscient de lui-même, et de le doter d’une volonté politique. Malheureusement, ils se sont noyés dans leur triomphe. De leur victoire, ils ne savent plus que faire. Ils se placent en opposition à un Etat, mais cela est devenu impossible, pour la bonne raison que la France n’existe plus : elle est devenue, comme les autres nations européennes, un marché, que nous appellerons l’Hexagone. Il est absurde de parler aujourd’hui d’une Europe des peuples, et d’identités européennes, absurde d’attendre quelque chose de ce qui est en train de disparaître – sauf miracle. Les « nationalistes » (et ils ne sont pas les seuls !) n’ont pas compris que nous étions entrés dans l’ère étrangement appelée « post-moderne », dominée par la violence « monstrueuse » en langage heideggérien, « satanique » en langage chrétien, d’un Esprit qui déracine, déshumanise, efface toute frontière, et gomme toute différence. L’intelligence calculatrice est en train de tuer la pensée méditative. Or, nous voulons rester des hommes. Aujourd’hui, ce n’est plus la Corse contre la France, c’est la Lumière contre les Ténèbres, la Vie contre la Mort.
 
 

 - Mais comment pourrait-on résister à cette puissance monstrueuse ?
 - Par le simple fait d’en prendre conscience. La connaître, c’est s’en délivrer. Nous pourrons ainsi utiliser les produits de la technique, tout en échappant à l’esprit qui préside à leur construction. Et nous pourrons éviter le piège de l’ultime utopie du monde post-moderne : la création d’une espèce nouvelle, qui sera à l’espèce actuelle, de que celle-ci est au singe : la création par l’Homme d’une société de Dieux. Nous refusons la révolte de l’Homme contre la Nature, et le maître-mot de notre temps : « ne rien accepter que ce que chacun a expressément voulu ». Ce que nos n’avons pas voulu, et qui nous a été donné, ce sont nos parents, et le lieu de notre naissance. Nous voulons les conserver ; tel est le sens de notre combat. Nous luttons pour le salut de notre patrie, mais aussi pour l’honneur de l’Homme, et la gloire de Dieu. Et nous appelons tous les Corses, croyants ou incroyants, à rejoindre Corsica Cristiana.
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Sur internet : cristiana.corsica